Ces dernières années, la Côte d’Ivoire s’est résolument inscrite dans une dynamique d’égalité de sexe. Le genre est mis en avant dans la conduite des activités politiques, sociales, économiques, etc. Ainsi, la prise en compte du genre est de plus en plus remarquable dans le secteur agricole
Cependant, de nombreux obstacles subsistent. En effet, comme dans bien des pays africains, les femmes n’ont pas accès à la terre, à la vulgarisation agricole, aux crédits agricoles, aux ressources énergétiques etc. Elles sont aussi les moins représentées parmi les exploitants agricoles, avec seulement 10% de ce secteur. Paradoxalement, bien que les femmes ne possèdent qu’un dixième des pouvoirs de décision, elles sont responsables de près de 80% de la production alimentaire en Côte d’Ivoire. Généralement, la responsabilité de nourrir la famille leur revient ; les cultures vivrières (céréales, légumes, tubercules et autres) sont confiées aux femmes qui les cultivent sur de petites surfaces, avec peu de moyens.
Cette situation contribue à aggraver la vulnérabilité des maillons les plus faibles de la société, à sous-exploiter le capital humain disponible et par conséquent, à limiter le progrès agricole. Sachant que les femmes jouent un rôle important dans toutes les activités agricoles (production, transformation, vente, etc.) en Côte d’Ivoire et en Afrique, il est donc nécessaire que les inégalités dont elles souffrent soient résorbées. Pour ce faire, il faut mener des projets favorisant l’autonomie économique chez la femme rurale.
Cela dit, la problématique du genre dans l’agriculture ivoirienne se pose différemment d’une zone rurale à une autre, voire d’une spéculation agricole à une autre. Elle implique la prise en compte de réalités socio-culturelles, économiques et politiques différentes. Ce qui la rend à la fois complexe et sensible.
Les cultures de rente (café, cacao, cajou, coton, hévéa, palmier à huile) sont généralement l’affaire des « hommes » parce que nécessitant des investissements (physiques et financiers) plus conséquents, et générant des revenus importants. Aussi, la construction sociale en milieu rural se fonde essentiellement sur l’homme en tant que chef, garant de la morale et de l’harmonie au sein de la cellule familiale. Celui-ci bénéficie à ce titre de nombreux privilèges, les droits civils et coutumiers étant à son avantage. La conscience collective en milieu rural lui confère notamment le droit de posséder plus de terres et d’hériter plus facilement des terres familiales, en cas de décès d’un parent.
Il en va autrement et la chose est même difficilement acceptable lorsqu’il s’agit d’une femme. Les femmes sont généralement absentes, sinon très peu représentées au sein des instances où se prennent les décisions qui organisent et orientent la vie des collectivités rurales. Elles sont la plupart du temps peu ou pas consultées, même lorsqu’il s’agit de questions qui les concernent directement.
Fort de ce qui précède, le FIRCA, en sa qualité de structure de financement du développement agricole en côte d’Ivoire, conscient de cette injustice faite aux femmes, a mis en place une Plateforme Genre Agricole (PGA), à travers son Service Genre et Environnement. La PGA regroupe différentes structures intervenant dans le secteur agricole. L’objectif est de promouvoir l’approche genre, en tant que levier de développement du secteur agricole et outil de transformation structurelle, sociale
et économique.
Le FIRCA est convaincu que la résolution des problèmes liés au genre dans l’agriculture ivoirienne passe par une plus grande implication ou représentativité des femmes au sein des instances locales de prise de décision ; et aussi par une meilleure sensibilisation des communautés villageoises sur la notion de genre.
Il importe dès lors de sensibiliser, renforcer les capacités et accompagner les parties prenantes nationales en matière de genre. Il faudra également initier et/ou soutenir et les initiatives en faveur de la prise en compte du genre. Cela, en vue de garantir la construction d’un bien-être social durable en milieu rural et partant, dans toute la Côte d’Ivoire.
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ATSIN Yao Léon, Directeur Exécutif FIRCA