Monsieur le Directeur Exécutif, le FIRCA participe au SIA 2023 à Paris. Quels sont vos objectifs ?
Le SIA est l’un des plus grands rendez-vous mondiaux de l’agriculture. Le FIRCA y est donc présent chaque année, depuis près d’une décennie, au sein de la délégation du Ministère d’Etat, Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural, en tant qu’organe du dispositif institutionnel officiel de développement de l’agriculture en Côte d’Ivoire.
Notre institution, qui est structure spécialisée dans le financement et la mise en œuvre des programmes de développement des filières agricoles, saisit l’opportunité de ce salon pour présenter ses acquis aux nombreux visiteurs de toutes nationalités, de passage sur le stand Côte d’Ivoire, rencontrer ses partenaires extérieurs, en particulier européens et nouer tous nouveaux contacts utiles au développement des filières agricoles en Côte d’Ivoire.
Par ailleurs, le FIRCA s’inspirera du génie événementiel déployé lors du salon, notamment en termes d’aménagement, de branding, d’animation et de communication, pour l’organisation réussie de la célébration de ses 20 ans et sa participation au SARA 2023, prévu se tenir du 29 septembre au 08 octobre 2023, au parc des expositions d’Abidjan.
De quoi sera meublé l’agenda du FIRCA durant votre séjour parisien ?
2023 est une année spéciale qui marque les 20 ans d’existence de notre institution, créée le 28 octobre 2003 à Yamoussoukro, capitale de la Côte d’Ivoire. Pendant ces 20 années, le FIRCA s’est mis résolument au service de l’agriculture ivoirienne, à travers l’accompagnement financier de plus de 25 filières agricoles de production végétale, forestière, animale et halieutique. Notre participation à cette 59ème édition du SIA sera donc l’occasion de partager les résultats probants réalisés avec les visiteurs du salon.
Par ailleurs, notre délégation participera à des rencontres en B to B avec des partenaires comme l’Agence Française de Développement (AFD), le CIRAD etc. Il s’agira à ce niveau d’échanger sur les projets communs en cours d’exécution, de discuter avec les Fonds de financement agricole présents au Salon et de s’inspirer des nouvelles expériences du monde agricole, singulièrement en termes d’innovations technologiques pouvant améliorer durablement le développement des filières agricoles ivoiriennes.
Quels sont les acquis du FIRCA qui seront vulgarisés à cette occasion ?
Le FIRCA présentera son modèle innovant de financement de prestations de services agricoles aux producteurs, en termes de mobilisation de ressources auprès des filières, de l’Etat et des partenaires au développement, et de gestion des ressources mobilisées.
En plus de son rôle de financement agricole pour le compte de l’Etat, le FIRCA a également acquis une expertise reconnue en matière de coordination et de gestion fiduciaire de projets financés par les partenaires techniques et financiers qui sera également présentée.
Le FIRCA a depuis de nombreuses années, en collaboration avec ses partenaires, transféré des innovations agricoles adéquates auprès des producteurs pour augmenter leur productivité, améliorer leurs revenus et réduire la pénibilité de leur travail. L’impact de ces innovations sur les chaînes de valeur agricoles sera partagé avec nos différents interlocuteurs.
Le FIRCA fête ses 20 ans cette année, comment prévoyez-vous célébrer cet événement ?
Le FIRCA compte effectivement commémorer l’évènement. L’organisation des manifestations marquant le 20ème anniversaire du FIRCA vise un triple objectif :
- Mettre à l’honneur l’institution en rappelant notamment les étapes qu’elle a réussi à franchir, l’implication et la qualité des partenaires qui ont soutenu son parcours, les compétences de ses organes de gouvernance et de gestion, ainsi que de leurs principaux animateurs, la culture et les valeurs qu’elle a sues développer et partager au cours de ces années ;
- Faire le bilan des vingt ans d’activités exécutées depuis sa création et plus particulièrement au cours de la dernière décennie qui a suivi la célébration de son 10ème anniversaire ;
- Dégager les perspectives en matière de financement du développement des filières agricoles, avec une emphase sur le positionnement stratégique du FIRCA, aussi bien comme institution de gestion fiduciaire, que comme instrument efficace d’accompagnement de la transformation structurelle des chaînes de valeur agricoles et de promotion de l’agro-entreprenariat, dans un contexte de changement climatique.
Vous étiez à la création du FIRCA. 20 ans après quelle est votre plus grande satisfaction ?
Notre principale satisfaction, c’est la notoriété et la crédibilité que l’institution a acquises, tant auprès des filières agricoles, de l’Etat de Côte d’Ivoire que des Partenaires Techniques et financiers.
En effet, à ce jour, le FIRCA demeure la première et unique institution nationale accréditée en Côte d’Ivoire pour la gestion fiduciaire des projets financés par le Fonds pour l’Adaptation aux Changements Climatiques et est en lice pour l’accréditation auprès du Fonds Vert pour le Climat, l’un des plus importants Fonds Climatiques au monde.
Quels sont les challenges actuels et à venir ?
Les challenges actuels portent sur :
- La mobilisation de ressources suffisantes pour répondre aux besoins de financement des filières de productions alimentaires, qui se trouvent être majoritairement des filières agricoles non cotisantes ou cotisantes non autonomes au FIRCA ;
- La multiplication en masse des technologies tangibles (biopesticides, biofertilisants, semences améliorées, etc.) mises au point grâce au financement du FIRCA. En effet, le FIRCA n’étant pas habilité à faire directement des investissements productifs, il revient au secteur privé de prendre la relève pour produire en masse et distribuer (vendre) les technologies éprouvées porteuses d’innovations et bénéfiques pour les acteurs des chaines de valeur agricoles (producteurs et transformateurs, etc.) ;
- L’adoption des technologies générées et diffusées en milieu de production, dans un contexte où les acteurs agricoles éprouvent des difficultés à accéder au crédit nécessaire pour acquérir et appliquer ces technologies dans leurs exploitations ;
- La mécanisation et la maîtrise de l’eau dans les exploitations agricoles pour faire face à la raréfaction de la main d’œuvre et à une forte variabilité climatique ;
- La disponibilité de ressources humaines qualifiées pour appuyer la conduite d’actions indispensables pour améliorer la résilience des acteurs agricoles face aux effets du changement climatique telles que la production sous serre, et, plus généralement, les techniques de maîtrise de l’eau pour la production agricole ;
- La valorisation des produits agricoles ;
- Etc.
Les challenges à venir portent sur :
- La diversification des sources de mobilisation de ressources pour le financement des services agricoles, y compris auprès de la finance climatique ;
- Le développement de mécanismes de mobilisation de ressources pérennes pour appuyer :
- La formation et le renforcement des capacités des ressources humaines indispensables pour l’accompagnement des acteurs des chaînes de valeur agricoles dans leur transformation structurelle [Exemple : spécialistes en développement de cultures sous serre (construction et maintenance des équipements des serres), en aménagement des parcelles de production intensive, en irrigation, en conseil de gestion, etc.] ;
- La formation et l’appui-accompagnement d’agro-entrepreneur dans les chaînes de valeur agricoles (secteurs agro-alimentaire ou agro-industriel) ;
- La mise en place, en collaboration avec les Universités – Grandes Ecoles Agronomiques et les Centres de Formation Professionnelle, de fermes-écoles et d’usines-écoles, orientées vers la transformation des matières premières agricoles en intrants pour l’agriculture et l’élevage ainsi qu’en produits manufacturés de forte consommation locale et/ou à forte valeur ajoutée ;
- La génération, le transfert et la promotion de technologies vertes à usage multi-filière (biopesticides, biofertilisants, bioénergie, etc.) nécessaires à un développement agricole durable et respectueux de l’environnement ;
- La promotion de l’inclusion financière des acteurs agricoles à travers l’appui au développement du Conseil de gestion et des outils de promotion de la bancarisation des acteurs agricoles ;
- La recherche-développement pour accompagner la promotion de l’assurance indicielle et la sécurisation des revenus des acteurs agricoles dans le contexte de changement climatique ;
- Les projets de recherche appliquée, porteurs d’innovations (la mise à échelle de technologies générées porteuses d’innovations).
Quel est le montant global que gère le FIRCA au profit des filières agricoles ?
De 2004 à fin 2021, le FIRCA a géré 285 milliards de F CFA au profit des filières agricoles.
Période 2004-2010 | Période 2011-2021 | Période 2004-2021 | |
Source de financement | (x1 000 000 CFA) | (x1 000 000 CFA) | (x1 000 000 CFA) |
Filières | 30 081 | 151 651 | 181 732 |
Etat | 3 442 | 13 805 | 17 247 |
PTF | 0 | 85 751 | 85 751 |
TOTAL | 33 523 | 251 207 | 284 730 |
La Côte d’Ivoire fait face au défi de l’agriculture durable. Quelle est votre contribution à la mise en œuvre de la stratégie nationale en la matière ?
Le FIRCA, en tant que première Entité Nationale accréditée au Fonds pour l’Adaptation depuis 2020, participe activement à la mise en œuvre des Contributions Déterminées au niveau National à travers la mobilisation de ressources climatiques auprès de différents guichets.
Cependant, avant cette accréditation et en vue de prendre une part active à la lutte contre les changements climatiques dans le cadre de la stratégie nationale, le FIRCA, outil de financement au service du progrès agricole, s’est doté d’un Service Genre et Environnement, dont la mission est de veiller à la prise en compte des aspects environnementaux et sociaux, dans tous les projets et programmes sous sa gestion.
A cet effet, un vaste programme de résilience des systèmes agricoles aux changements climatiques a été initié depuis 2012 projet WAAPP, notamment) adressant différentes thématiques à savoir :
- la maîtrise de l’eau à travers le financement de programmes d’irrigation, le transfert de la technologie de « la pluie solide » au sein des exploitations agricoles ;
- l’adaptation des itinéraires techniques aux changements climatiques à travers le financement, l’installation de stations agro météorologiques en vue de la production de services d’alertes météo pour le déclenchement des périodes propices de cultures ;
- la promotion de l’agroécologie comme moyen de limiter l’utilisation des engrais chimiques par la valorisation des déchets agricoles. A cet effet, le FIRCA a financé trois unités complètes de compostage au profit de jeunes ruraux pour la production de compost ;
- la modernisation des pratiques de cuisson au sein des ménages ruraux et des unités de production d’attiéké et de beurre de karité par le financement de plus de 300 foyers améliorés massifs et environ 5000 foyers améliorés ménages pour réduire l’impact de l’utilisation du bois énergie sur la déforestation et limiter les gaz à effet de serre ;
- la formation de plus de 300 femmes aux techniques de construction de foyers améliorés trois pierres.
Interview réalisé par ….