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Le FIRCA et la Filière Anacarde

Le contexte historique

Originaire du Brésil, la noix de cajou ou anacarde est le fruit de l’anacardier. Introduit en Côte d’ivoire dans les années 1950 comme plante forestière pour freiner l’avancée du désert, ce n’est qu’à partir de 1960 que la création des premières plantations s’est faite, dans le Nord du pays.

De 1990 à 2012, la production nationale est passée de 19 000 tonnes à 450 000 tonnes de noix brute de cajou (NBC). Malgré ce bond de la production, la filière a été confrontée à des difficultés majeures.

Ainsi, en mars 2013, le Gouvernement a adopté le document de stratégie de la réforme de la Filière Anacarde, en vue d’améliorer les rendements, de réduire la pression foncière et de maîtriser l’environnement de la filière, par la mise à disposition de statistiques fiables sur la production.

Cette réforme s’articule autour de 3 axes : la production, la commercialisation et la transformation.

  • Concernant l’axe production, il traite des domaines de la Recherche agronomique et de l’Encadrement des producteurs.
  • Quant à l’axe commercialisation, il adresse les questions relatives à la sacherie, la fixation et l’application du prix bord champ, la commercialisation intérieure et la commercialisation extérieure.
  • Enfin, l’axe transformation concerne la transformation locales des noix brutes de cajou (NBC).

L’intervention du FIRCA

Dans le cadre de la mise en œuvre de l’axe production de la réforme et pour la poursuite de ses actions initiées depuis 2004 dans la Filière Anacarde, le FIRCA a assuré le financement, à partir des ressources issues des prélèvements, de la Recherche agronomique et le Conseil agricole (ou l’encadrement des producteurs et de leurs organisations).

De 2004 à 2017, le FIRCA finance la mise en œuvre du Projet d’Amélioration Variétale de l’Anacardier (PAVA), exécuté par le Programme Anacarde-Mangue-Papaye du CNRA. Ce projet a été réalisé en deux phases, la première phase de 2009 à 2012 et la seconde phase de 2013 à 2017. Les résultats saillants obtenus sont les suivants :

  • 8 arbres hauts producteurs (AHP) identifiés dans la collection du CNRA ;
  • 3 génotypes retenus parmi les 8 AHP pour être diffusés en milieu paysan ;
  • 3 parcs à bois et vergers grainiers de 5 ha chacun (Lataha, Tanda, Madinani) créés de 2009 et 2012 
  • 6 nouveaux parcs à bois d’1 ha créés entre 2013 et 2017, à Bouna, Yamoussoukro (Kami), Béoumi (Mangrè-Dan), Tafiré (Badikaha), Toumodi (Lomo Nord), et Séguéla, avec l’introduction 203 AHP sur 209 AHP identifiés en milieu paysan ;
  • 7 parcelles d’essais multilocaux de comportement des AHP (GxE) de 1 ha créées à Bouna, Béoumi (Mangrè-Dan), Katiola (Niédiekaha), Ferké (Poulo), Tengréla (Maniasso) et Séguéla ;
  • 1 collection de 42 « TOP ou meilleurs » des AHP créés à la station Lataha et dupliquée à la station TANDA avec 18 « TOP » AHP ;
  • 1 Germoplasme (banque de gènes) de 35 ha créé à la station CNRA de Ferké contenant 108 AHP.

L’apport du projet PPCA

En 2018, à la faveur du Projet de Promotion de la Compétitivité de la chaîne de valeur de l’Anacarde (PPCA) et pour le compte du Conseil du Coton et de l’Anacarde (CCA), il a été confié au FIRCA la Maîtrise d’Ouvrage Déléguée (MOD) pour la mise en œuvre des deux sous composantes « Mise en œuvre du Programme National de Recherche sur l’Anacarde (PNRA) et développement du matériel végétal amélioré » et s/c 2.2. « Appui aux services de vulgarisation agricole et de transfert de technologies sur l’anacarde ».

Aujourd’hui, la superficie des vergers d’anacardiers est estimée à plus de 1 400 000 ha appartenant à plus de 420 000 producteurs. La noix de cajou fait la fierté de la Côte d’Ivoire, qui en est le 1er producteur et exportateur mondial, avec une production passant de 702 000 tonnes de noix brutes de cajou (NBC) en 2015 à 1 024 000 tonnes en 2022. En outre, avec une production qui est passée de 103 103 tonnes d’amandes de cajou en 2020, à 215 752 tonnes en 2022, La Côte d’Ivoire, 1er pays africain transformateur de noix brutes de cajou (NBC), occupe le 3ème rang mondial après le Vietnam et l’Inde.

Ces résultats sont le fruit de la mise en œuvre des stratégies issues de la réforme de la filière adoptée par le gouvernement ivoirien depuis 2013 et appuyée par le Projet de Promotion de la Compétitivité de la chaîne de valeur de l’Anacarde (PPCA), financé par la Banque mondiale depuis 2018.

Les acquis générés par l’action du FIRCA

A ce jour les principaux acquis générés dans le cadre des actions financées par le FIRCA, au profit du développement de la Filière Anacarde, se résument comme suit :

Le FIRCA se positionne au cœur de la productivité, la qualité et la valeur ajoutée de la Filière Anacarde, par la mise en œuvre de son programme de développement de la filière, dont l’objectif général est d’augmenter les revenus des producteurs et accroitre la valeur ajoutée de la noix de cajou.

Cela, à travers 2 axes d’intervention :

  • La mise en œuvre du Programme National de Recherche sur l’Anacarde (PNRA);
  • L’appui à la vulgarisation agricole et au transfert des technologies sur l’anacarde

LA MISE EN OEUVRE DU PROGRAMME NATIONAL DE RECHERCHE SUR L’ANACARDE

La mise en œuvre du PNRA a permis de nombreuses réalisations au profit des acteurs de la chaîne de valeur de la Filière Anacarde, au nombre desquelles :

LA CRÉATION DE MATÉRIEL VÉGÉTAL AMÉLIORÉ (CNRA, UNA)

Cette création se fait à travers la sélection massale et la sélection variétale.

LA SÉLECTION MASSALE (CNRA) :

  • De nouveaux génotypes à bon potentiel de rendement identifiés et suivis, en vue de leur sélection, multiplication et distribution aux producteurs ;
  • 9 sites GxE installés avec les 3 clones actuellement en diffusion ;
  • 6 parcs à bois communautaires installés et sécurisés.

LA SÉLECTION VARIÉTALE (CNRA 🙂

  • Une banque de gènes de 176 génotypes mise en place au CNRA Ferké ;
  • Création variétale par hybridation amorcée (358 plants hybrides issus de 868 noix en évaluation).

LES TECHNIQUES DE PRODUCTION DURABLE (CNRA, UPGC, ICRAF)

Diverses techniques ont été mises en œuvre, singulièrement :

La production de matériel de plantation (Installation de vergers) :

  • Les plants greffés en sachets sont en diffusion.

Le surgreffage (Réhabilitation) :

  • La technique de base est maîtrisée ;
  • L’amélioration de la technique est en cours.

La gestion durable de la fertilité du sol sous vergers anacardiers :

  • 4 cartes d’occupation des sols par l’anacardier du Poro, de la Bagoué, du Worodougou et du Bafing sont disponibles ;
  • 4 cartes de fertilités (Indicateurs visuels de fertilité du sol sous l’anacardier).

Les risques climatiques et pratiques résilientes :

  • 44 stations agro-météo (SAM) sont installées dans la zone de production ;
  • 3 unités de traitement des sols (UTS) sont installées à Korhogo, Koflandé (Bouna) et Koro-Sanankoro ;
  • 1 laboratoire pédologique est installé et fonctionnel à Sinématiali ;
  • 170 producteurs issus de 3 localités (Badikaha, Koflandé, Sanankoro) ont été formés aux pratiques climato-intelligentes (Régénération Naturelle Assitée, ruche d’abeilles, légumineuse arbustive, etc.).

LA GESTION INTÉGRÉE DES MALADIES ET RAVAGEURS (UFHB, CNRA)

La mise au point des méthodes de lutte efficaces :

  • 3 méthodes de lutte intégrée sont proposées contre les bioagresseurs de l’anacardier (fiches techniques) ;
  • 2 produits biologiques ont été testés efficaces en milieu réel (Astun et Neco).

La mise en œuvre du système de veille sanitaire :

  • 1 carte sanitaire disponible et régulièrement actualisée ;
  • 1 système de veille est renforcé et opérationnel, avec le recyclage de 309 agents de l’ANADER.

LA VALORISATION DES PRODUITS DE L’ANACARDE (INP-HB, UNA)

Mise au point de génie des procédés de transformation :

  • 8 procédés de production des produits dérivés de la pomme de cajou sont optimisés (vin, vinaigre, jus pasteurisé, confiture…), avec une augmentation du taux d’extraction du jus (5%) et la réduction du taux d’astringence (99%) ;
  • La formulation d’aliments de volaille, à partir des produits de l’anacarde (tourteaux de pomme, amandes…).

Mise au point du génie mécanique :

  • 8 prototypes d’équipements mis au point (extraction du CNSL, presse hydraulique, dépelliculeur, décortiqueur automatique, équipements de ramassage de pommes…).

L’APPUI DE LA BIOTECHNOLOGIE A L’AMELIORATION VARIETALE (UNA)

  • 1 carte génétique avec 495 anacardiers regroupés en 6 grandes familles ;
  • Des marqueurs de certification des trois clones sont en diffusion ;
  • Des marqueurs de sélection variétale (QTL) pour le rendement en noix sont disponibles (385 SNPs).

LA VULGARISATION AGRICOLE ET TRANSFERT DE TECHNOLOGIES SUR L’ANACARDE

Elle se fait à travers 4 moyens essentiels. Il s’agit singulièrement de :

LA CRÉATION DES CENTRES DE DÉVELOPPEMENT DU CAJOU (CDC)

  • L’acquisition de 50 ha à Koflandé et 32 ha à Koro-Sanankoro par la filière ;
  • La purge des droits coutumiers et le dédommagement des populations ;
  • Le processus d’immatriculation des parcelles des 2 CDC est en cours ;
  • Les travaux des forages des 2 CDC sont installés.

LA FORMATION ET SENSIBILISATION DES PRODUCTEURS

  • 274 Conseillers Agricoles ont été formés et 35 Techniciens Spécialisés Anacarde équipés avec 309 motos et 356 kits d’analyse de qualité des noix de cajou (KOR);
  • 320 720 producteurs ont été formés, dont 21% de femmes, à travers les Champs Ecoles Paysans (CEP) ;
  • 65% des producteurs encadrés appliquent les Bonnes Pratiques Agricoles (BPA) ;
  • 14 921 producteurs dont 21% de femmes ont été formés au Farmer Business School (FBS).

L’ACCÈS À LA VULGARISATION ÉLECTRONIQUE

  • 1 call center est opérationnel pour une interaction producteurs/techniciens ;
  • 1 serveur vocal est opérationnel et permet de diffuser des messages techniques en 14 langues ;
  • 65 messages vocaux produits en français et en 13 langues locales ont été diffusés à plus de 54 000 producteurs/an.

LA CRÉATION DE NOUVEAUX CORPS DE MÉTIERS AVEC DES OPÉRATEURS PROFESSIONNELSDUCAJOU (OPCA) POUR ASSURER DES SERVICES AGRICOLES DE QUALITE AUXPRODUCTEURS D’ANACARDE

  • Environ 100 opérateurs (personnes physiques et morales) ont été formés aux techniques de création et de gestion d’une entreprise en milieu rural ;
  • Plus de 1000 employés saisonniers (tronçonneurs, assistants, applicateurs) ont été formés aux techniques de réhabilitation des plantations denses d’anacardiers ;
  • Plus de 58 000 ha de vergers appartenant à 44 065 producteurs (incluant 17% de femmes), dont 1000 ha ont été réhabilités sous forme de Subvention à Coûts Partagés (SCP) ;
  • Plus de 6 400 ha de nouvelles plantations d’anacardiers ont été créées avec les plants greffés sous forme de SCP.

CONCLUSION

Les résultats obtenus de la mise en œuvre du programme de développement de la Filière Anacarde, financé par le FIRCA, connaissent des bons qualitatifs, aussi bien au niveau de la recherche que de la vulgarisation agricole.

Le FIRCA demeure donc, en Côte d’Ivoire, le moteur du financement pérenne du développement durable des filières agricoles, et notamment, de la Filière Anacarde.

Les différents projets en cours et à venir devraient contribuer significativement à la professionnalisation des acteurs de la chaîne de valeur de la Filière Anacarde.