Actualité Institutionnelle

4 études conduites par le CNRA restituées aux acteurs

Le 30 mars 2016 s’est tenu à Abidjan, l`atelier de restitution des études conduites par le Centre National de Recherche Agronomique (CNRA), dans le cadre de la mise en œuvre des projets de recherche du contrat-plan de la filière Café-Cacao, conduit par le Fonds Interprofessionnel pour la Recherche et le Conseil Agricole (FIRCA).

Cet atelier a rassemblé une cinquantaine de personnes représentant diverses structures (BNETD, SODEXAM, ANADER, ENSEA, UNIVERSITE FHB, INPHB, ENSEA…) et était placé sous la présidence du Ministère de l’Agriculture et du Développement Durable (MINADER).

La restitution avait pour objectif de rendre compte au Conseil Café-Cacao, des acquis des projets financés dans le cadre du contrat plan et plus spécifiquement, de partager les acquis des études et activités réalisées, d’analyser les perspectives, puis de formuler des orientations pour les actions nécessaires, afin de garantir la durabilité et le renforcement du programme d’amélioration de la productivité des vergers.

La Côte d’Ivoire a atteint une production de plus de 1,7 millions de tonnes de cacao pour la campagne 2013-2014, un record jamais atteint. Cette performance est en grande partie due aux études qui font partie intégrante du programme de développement durable de la cacaoculture et de la caféiculture mise en œuvre par le Conseil du Café-Cacao, qui permettent de maintenir, mieux, améliorer ce score. C’est ce qui justifie le choix du CNRA pour la mise en œuvre du programme de recherche, engagé depuis 2008 et caractérisé par des actions et des études visant à répondre aux attentes de la filière Café-Cacao.

La restitution de ces études représente un motif d’espoir pour la recherche agricole en Côte d’Ivoire et plus particulièrement pour le binôme café-cacao, produits stratégiques pour notre économie. Il est donc plus que nécessaire d’accorder une attention soutenue aux efforts entrepris par la recherche pour faire face aux contraintes de production qui se posent avec acuité à l’ensemble des acteurs de la filière. Ainsi, tenant compte du niveau d’avancement du programme, les restitutions ont porté sur 4 aspects :

  • la cartographie des sols en vue de la régionalisation des itinéraires techniques et la restitution des études antérieures ;
  • le diagnostic des contraintes de production du cacaoyer et du caféier;
  • l’impact socioéconomique du swollen shoot sur les ménages ;
  • la dynamique des maladies et ravageurs du café et cacaoyer en vue d’optimiser les méthodes de lutte.

Cartographie des sols et restitution des études antérieures

La quête de réponses aux conditions climatiques et aux zones encore favorables à la caféiculture et à la cacaoculture en Côte d’Ivoire, ont conduit la recherche à réaliser l’étude du zonage agropédoclimatique des zones de production de café et de cacao. Sur la base de bibliographies, la recherche a également pu réaliser un découpage agropédoclimatique sommaire de la zone de production de café et de cacao et actualiser le zonage agroclimatique des zones de production de ces deux spéculations majeures.

De nouveaux défis restent cependant à être surmontés. En effet, face à la variabilité du climat, l’atelier a souhaité qu’un accent soit mis sur la prévision météorologique d’où le besoin de renforcer la capacité des chercheurs et techniciens et d’équiper les stations de collecte de données météo de stations automatiques.

En outre, la gestion efficiente des ressources en eau disponible nécessite selon l’atelier, un renforcement des capacités des chercheurs et des techniciens en méthode de gestion. L’atelier a également recommandé d’affiner les limites des différentes zones agropédoclimatiques par les études pédologiques en cours.

Diagnostic des contraintes de production du cacaoyer et du caféier

L’introduction et le développement de la culture du caféier et du cacaoyer dans la zone sud de la Côte d’Ivoire, se sont opérés suivant un système traditionnel de culture itinérante sur brûlis. Ce système de production donnait une faible productivité des vergers comprise, pour le café, entre 200 et 300 kg/an et pour le cacao, entre 400 et 600 kg/an. Plus tard, des techniques nouvelles et modernes de culture seront proposées par la recherche pour un rendent de 2 à 3 tonnes/an en station, pour les deux spéculations.

A l’époque déjà, la recherche avait souligné l’inadaptation des itinéraires techniques disponibles à certaines régions, pour la culture du caféier et du cacaoyer. Cette situation avait mis le doigt sur les difficultés des producteurs à s’adapter au nouveau contexte de production du café et du cacao.

Aujourd’hui, dans sa volonté de mettre au point des itinéraires techniques en tenant compte des contraintes de production propres à chaque région, à la demande de la Filière, la recherche a recensé les principales contraintes de production du café et du cacao en Côte d’Ivoire. Ces contraintes recensées par culture et par région, vont de la forte pression des insectes nuisibles et des maladies, à la dégradation ou baisse de la fertilité des sols, en passant par les perturbations climatiques, le vieillissement, la dégradation du verger et les difficultés de régénération, etc.

Face à ces contraintes, la recherche a proposé des solutions immédiatement disponibles et applicables pour répondre aux besoins de formation clairement identifiés des acteurs de la filière, avant de proposer des axes de recherche pour la mise au point d’itinéraires techniques adaptés.

Impact socioéconomique du Swollen Shoot sur les ménages

Dans la stratégie de lutte contre la maladie du Swollen Shoot, l’étude d’impact sur les ménages de producteurs de cacao s’est avérée nécessaire pour une meilleure orientation des actions de lutte. La question principale était de savoir dans quelle ampleur le swollen shoot a affecté le niveau de vie des ménages de producteurs de cacao ?

La recherche s’est donc engagé à établir un lien de causalité (inférence causale) entre le swollen shoot et les changements de bien-être des ménages de producteurs de cacao en Côte d’Ivoire. Ainsi, elle a soutenu que le swollen shoot a causé chez les ménages touchés, la perte de 15 % du revenu annuel et une perte de 20 % du revenu provenant du cacao. Selon la recherche, la maladie du swollen shoot a eu un impact plus important dans la zone Centre-ouest (Sinfra/Bouaflé), où les pertes du revenu annuel ont atteint 42 % et 32 % du revenu provenant du cacao. Pour mieux cerner l’ampleur du swollen shoot, la recherche a proposé d’étendre l’étude d’impact à toute la zone de production cacaoyère pour confirmer les résultats obtenus. Elle a en outre recommandé la formation par l’ANADER des producteurs aux Bonnes Pratiques Agricoles (BPA), incluant le chef de ménage et les membres adultes (actifs) constituant la main d’œuvre, pour un meilleur encadrement des producteurs de cacao et l’agrandissement et/ou la replantation cacaoyère, afin d’améliorer leurs revenus.

Dynamique des maladies et ravageurs du café et du cacao

Les insectes nuisibles et maladies du caféier et du cacaoyer (mirides, pourriture brunes, plantes parasites et épiphytes, swollen shoot, scolytes etc.), sont nombreux et variés. Cependant, une insuffisance des connaissances de la distribution géographique, des périodes de fortes pullulation/attaques et de l’importance des dégâts par région, à laquelle s’ajoute la recrudescence de certains insectes et agents de maladies rendent inefficaces les traitements phytosanitaires dans certaines régions de production.

Pour faire face à cette situation et donner un nouveau souffle à la caféiculture et à la cacaoculture ivoirienne, la recherche a mené 4 études complémentaires sur :

  • la structure, la distribution géographique et les variations saisonnières des populations des insectes nuisibles du cacaoyer ;
  • la structure et la distribution géographique des espèces de Phytophthora et l’incidence de la pourriture brune des cabosses ;
  • la structure et la distribution géographique des végétaux parasites et épiphytes du cacaoyer ;
  • la structure, la distribution géographique et les variations saisonnières des populations des insectes nuisibles du caféier.

Ces études ont permis à la recherche de proposer 4 cartes, 3 calendriers et 1 répertoire :

  1. Les carte de distribution des mirides, des foreurs des tiges, de phytophtora et des plantes parasites et épiphytes du cacaoyer ;
  2. Les calendriers provisoires des traitements insecticides contre les mirides et de lutte contre la pourriture brune des cabosses et les scolytes ;
  3. Les répertoires des végétaux parasites et épiphytes (disponible).

La restitution de ces études par le CNRA a fourni des informations utiles et des orientations pertinentes à l’ensemble des acteurs de la Filière qui ont suivi l’atelier avec grand intérêt. Les participants venus de diverses entités et structures ont nourri les débats et contribué ainsi à la recherche de solutions faces aux contraintes de production du café et du cacao.

Il est à souhaité que les engagements des uns et des autres à la recherche sur le binôme café-cacao soit réellement consolidés à travers cet atelier et que les solutions proposées, aboutissent à la durabilité de la Filière Café-cacao de la Côte d’Ivoire.